Le Pérou …
Nous avons tous entendu parler de Lima, Titicaca, Arequipa, Machu Pichu, l’empire Inca, Tintin et le temple du Soleil … certes, mais quels échos réveillent chez la plupart d’entre nous Coquette de Delattre, Sylphe à queue d’azur, Ermite de Koepke ou encore Loddigésie admirable ?
Merveilles de la nature, les colibris du Pérou ont été le fil rouge de ce voyage de 2 semaines du Sud au Nord du pays.
L’étape de Lima est vite derrière nous ; après l’aéroport international, nous connaissons trop bien les embouteillages, la foule et la pollution … mieux vaut en profiter pour découvrir le ceviche de poisson et le délicieux cocktail local Pisco Sour, qui reviendront d’ailleurs vers nous à plusieurs reprises dans les prochains jours.
Par l’avion de Lima, on atteint une petite cité proche d’un affluent du Rio Madre de Dios : chaleur poisseuse tropicale et tuk-tuks bariolés, végétation fleurie omniprésente … le vacarme des grandes cités s’est éloigné d’un seul coup.
Le bateau nous emporte sur la rivière à l’eau couleur ocre vers une très belle réserve nationale. Ici, plus de moteurs, plus de foule … nous sommes seuls, la pirogue glisse sur le lac, les cris des oiseaux et des insectes ne se taisent que sous les averses tropicales ; parmi bien d’autres, hérons agamis, hoazins, petits singes saïmiris et loutres géantes sont au rendez-vous des téléobjectifs, sans oublier les premiers colibris, minuscules petits ermites roussâtres bourdonnant tels des insectes autour des massifs de fleurs.
Le coucher de soleil sur le lac, dans le silence de la nuit tombante, a figé le temps l’espace d’un moment et restera gravé dans nos mémoires.
Mais il est déjà temps de repartir vers l’étape suivante.
Un nouveau saut de puce sur la rivière, le long de plusieurs sites d’orpaillage, et nous voici au cœur de la forêt. La collpa, c’est la falaise argileuse le long de la rivière, où se rassemblent chaque matin perroquets, aras rouges et aras jaunes et bleus afin d’y absorber les bioéléments indispensables à la bonne digestion des graines qu’ils vont ingérer durant la journée.
A 4 heures du matin, l’aube est superbe sur la rivière, le bateau pirogue remonte habilement le courant en évitant les souches demi-immergées ; les aras sont éclatants de couleur, bruyants, chamailleurs et … magnifiques !
Le temps de gravir la tour d’observation de 40 mètres pour admirer l’océan vert de la canopée, et nous voici à nouveau en route vers l’aéroport. Cette fois l’avion nous emporte vers la Vallée Sacrée des Incas.
De Cuzco, la capitale régionale, à 3400m d’altitude, nous ne voyons ce jour-là que quelques rues à travers les vitres de notre minibus. Nous roulons en direction du site mythique de Machu Pichu, la citadelle des Incas.
Le temps est magnifique ; la route suit la vallée et longe des champs de maïs et de petits villages ; au détour de l’un d’eux, voici le premier jardin aménagé par une famille locale pour l’observation et la photographie des colibris : colibri géant, colibri noble, ariane du Pérou … les rafales s’enchainent, on soigne les bokehs ; seule la chute de la lumière du jour nous fait prendre congé de nos hôtes et nous ramène à la voiture.
Il fait déjà nuit à notre arrivée.
Le lendemain, dans le jardin de l’hôtel, on peut apercevoir, entre autres le porte-traine lesbie et quelques alpagas placides ; sur les flancs de la montagne, des ruines incas que l’on devine majestueuses ; dans un autre jardin aménagé tout proche, où nous sommes accueillis par une famille chaleureuse, nous admirons, un peu incrédules, à quelques mètres de distance, le porte-traine Nouna, le colibri étincelant, le colibri d’Anaïs ou la métallure émeraude.
A la petite gare, voilà le train vers Machu Pichu Pueblo, ex Aguas Callientes.
Dans la petite bourgade bardée de boutiques de souvenirs, on peut assister à la noria des bus emportant les flots de visiteurs vers la citadelle ; on y voit aussi le colibri Inca de Gould, la merganette des torrents, anatidé fréquentant les eaux vives d’Amérique du Sud, sous le regard de la statue de Pachacutec, connu comme le dernier empereur Inca.
Machu Pichu ne se raconte pas … il se regarde, il se ressent ; le poids de l’histoire, l’évocation de l’éclat des splendeurs du passé écrasent le visiteur réceptif, tout autant que le savoir-faire des architectes et ingénieurs de l’époque suscitent l’admiration. On en revient un peu « sonné » …
Mais la suite du voyage nous appelle déjà … à nouveau le train, puis la route pour Cuzco, où nous passons une soirée et une nuit, le temps de retrouver la foule des visiteurs, les boutiques de souvenirs, les monuments laissés par les Espagnols avec, parfois, au détour d’une ruelle, un vestige de muraille Inca.
Le lendemain, nous reprenons une dernière fois l’avion vers le Nord.
Nous sommes à 400m d’altitude ; la chaleur est forte et les averses violentes ; la montagne est toute proche. L’altitude ne cesse d’augmenter ; nous entrons dans la « Cloud Forest », la forêt de nuages.
Sur notre route; de nombreux sites d’observation pour ornithologues et photographes sont aménagés. Nous allons passer 2 nuits puis continuer à remonter la vallée vers une réserve forestière. Dans les jardins des lodges et non loin de la route, nous pouvons observer de nombreuses espèces de colibris, Coquette de Delattre, Colibri de Matthews, Brillant à front violet, Hauts de chausses du Pérou, Sylphe à queue d’azur, sans oublier le célébrissime Coq de Roche ou la timide Grallaire de Blake, endémique de la région et de nombreux passereaux.
Nous finissons notre périple dans un charmant petit village, fascinés par la Loddigésie admirable, dans son seul habitat connu, sauvé in extremis en état de quasi-extinction, joyau de la biodiversité.
Merci à Max, amoureux de longue date du Pérou et promoteur de ce périple ; toujours calme et imperturbable, débordant d’enthousiasme, d’émerveillement et … de conseils techniques, il fût un accompagnateur à la fois chaleureux, discret et plein de sollicitude.
Merci à notre guide local mais aussi ornithologue confirmé, perpétuellement vissé à son portable pour régler quelques détails d’organisation de la future étape, l’œil et la jumelle en alerte pour nous indiquer l’aile ou le bec à ne pas rater.
Merci à Patrice et Johan, compagnons d’aventure, photographes passionnés.
Merci à Objectif Nature d’avoir organisé magnifiquement la logistique et fait tous les efforts possibles pour garantir ce départ.
Merci à tous les descendants de Pachacutec qui ont réussi à comprendre la richesse que représentait leur avifaune, particulièrement les colibris, et ont entrepris les efforts nécessaires, parfois avec des moyens limités, pour nous permettre de faire ces observations magnifiques de l’oiseau porte-bonheur de leurs anciennes légendes.
Michel et Maguelone