Il est une autre Colombie.
Autre que celle des images de guérilla et de narcotrafics, désormais anciennes mais encore bien présentes dans les esprits, ou celle des plages de sable blanc de la côte caraïbe autour de Carthagène des Indes ou Baranquilla.
Celle d’une nature riche, rescapée de la déforestation de masse, aux écosystèmes à la fois étonnants et variés, aux multiples espèces végétales et animales : prés de 2000 espèces d’oiseaux réparties des zones de plaines aux hautes montagnes de la chaine des Andes culminant à plus de 4000 m ; la plus forte variété d’espèces de colibris (environ 150) de l’Amérique tropicale !

Sortie des années noires, la Colombie est redevenue calme et s’éveille à l’éco-tourisme ; le pays propose ses richesses à tous ceux qui entendent son appel. Alors, sans hésiter, amoureux des oiseaux et tout particulièrement des colibris, nous voilà repartis vers cette Amérique du Sud qui nous est proposée par Objectif Nature.
A la manœuvre, Max Aliaga, aventurier photographe infatigable, Rafael puis Ferney, guides ornithologues colombiens, sans oublier Michelle, Jean Claude et Laurent, complices photographes du moment.

Pour ce voyage au pays des oiseaux, nous sommes restés au centre du pays, au Sud de Bogota, la capitale, essentiellement dans la montagne, avec une courte incursion dans la vallée du fleuve Cauca.
Dans ces régions de la Colombie, dés que l’on réussit à s’échapper du trafic automobile dantesque et de la pollution des villes, on rencontre très vite la montagne; d’abord sur des routes « normales », bitumées, puis, au fur et à mesure que l’altitude augmente, sur des pistes défoncées, parsemées de ornières XXL, parfois uniquement praticables en véhicule tout terrain.
Nous avons parcouru 2 écosystèmes:

- Le paramo est l’écosystème d’altitude des Andes du Nord, au dessus de 3000m ; une « lande» de montagne, volontiers très humide, parée d’une végétation aux multiples espèces endémiques de graminées et d’arbustes bas d’où émergent les colonnes des espeletia grandiflora avec leur couronne de grandes feuilles laineuses. Les paramos sont protégés : on y vient depuis la ville, puis on retourne à la ville… pas d’hébergement possible sur place, seulement quelques heures à passer dans un monde qui a pu, jusqu’ici, résister au temps.
Dans le paramo de Chingaza, sous une pluie fine, dans les lambeaux de nuages qui s’étirent ou se déchirent autour de nous, apparaissent la chouette pygmée andine, le colibri casqué.
Dans le paramo de Sumapaz, le plus grand du monde, cette fois sous le soleil, survolés par la buse aguia, voici les sarcelles andines, le timide râle de Bogota, le tyranneau à gorge blanche et bien d’autres.
Sur les hauteurs de la ville de Manizales, dans le Parque Nacional de los Nevados, nous atteindrons l’altitude de 4x000m, dans un autre paramo magnifique parsemé d’espeletias, devant un horizon de sommets poudrés de neige ; nous aurons la chance d’y trouver le colibri de Stübel , habitué de ces hautes solitudes, avant de profiter des bains d’eau chaude volcanique proposés par notre lodge.
- La forêt humide de montagne offre un tout autre univers : l’enchevêtrement végétal, les plantes épiphytes et les lichens omniprésents, l’humidité permanente entretenue par le brouillard, les petites averses et la température plutôt fraiche.
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Michel Dupuy Brillant Impératrice
Là encore, au terme de routes ou pistes tortueuses et pentues, voici de petites « fincas », fermes entourées de jardins aménagés pour l’observation des oiseaux, ou bien de petits éco-lodges colorés avec leurs hôtes accueillants et … excellents cuisiniers; passereaux, pics, mot-mots et colibris produisent une farandole de couleurs, de formes, de tailles ; on retiendra, entre autres, le superbe tangara multicolore, les timides grallaires dans l’ombre des sous bois, la parade des manakins, petits éclairs dorés accompagnés du claquement sec de leurs ailes, les Coqs de roche se pavanant sur leur lek immuable et bien entendu les colibris : Coquette à queue fine, Dryade couronnée, Sylphe à queue d’azur, Héliange tourmaline, Brillant impératrice et autres, minuscules bolides voltigeurs, chamailleurs et … parfaitement tolérants à notre présence et celle de nos trépieds et leurs longues focales !





Non loin du fleuve Cauca, prés de la petite ville de Buga, nous retrouvons brièvement la vallée et la chaleur ; autour de la lagune de Sonso s’observent de multiples espèces d’oiseaux des milieux aquatiques (ibis, hérons, grèbes). Totalement immobile, entouré des longues tresses de lichens dévalant de hautes branches de son arbre, le très mimétique et énigmatique ibijau gris serait resté invisible sans les yeux affutés des gardes de la réserve.
Un peu plus loin, dans une ferme produisant des fleurs d’Aloé Véra, nous aurons la chance d’apercevoir l’éclatant colibri rubis topaz.
Mais tout se doit d’avoir une fin …
A l’aéroport de Pereira, pour le retour vers Bogota et notre hôtel de début de séjour, nous nous séparons à regret de Ferney, précieux guide francophone, sans qui ce périple n’aurait probablement pas eu tout à fait la même saveur.
Pour la dernière journée, nous nous évadons à nouveau brièvement sur les hauteurs de Bogota, pour la visite d’un dernier observatoire de colibris qui nous a offert, dans des lambeaux de brume, le magnifique colibri Inca de … Bonaparte !
Tard dans la soirée, nous attend le vol de retour vers Paris.
Nous emportons dans nos cartes mémoire les images de ces petites merveilles de la nature, bijoux ailés dont la valeur inestimable nécessite de façon urgente tous les efforts de sauvegarde possibles ; et, dans nos souvenirs, une gratitude particulière pour tous ceux qui oeuvrent là bas à la mise en place et la promotion de ces sites d’observation sans lesquels rien ne serait possible.
Leur travail est courageux et remarquable.
Leur espoir en nous est immense.
Maguelone et Michel
Septembre 2024

