Récit de voyage … OUGANDA

Récit de voyage … OUGANDA

On m’avait dit pleins de choses sur les chimpanzés, j’étais même un peu tendue d’aller à leur rencontre car on m’avait notamment dit qu’ils pouvaient être agressifs et que les chances de les voir pouvait être plus limitées que les gorilles car beaucoup plus mobiles (je ne remettrai pas en cause leur mobilité, mon récit en témoignera).

Ouganda PPichol Mai 2019 (35)

Tout comme pour la rencontre avec les gorilles nous étions briffés par les rangers et devions être équipés de gants, de guêtres pour éviter les piqûres d’insectes et les ronces que nous pouvions trouver sur notre chemin, ça préparait bien le terrain ! Pour rencontrer ces derniers nous avons dû marcher 7 heures dans la forêt et parcourir 14 km, à vive allure parfois, notre Dédé national calculait tous les km que nous parcourions avec sa montre magique. Il fallait s’enfoncer dans les bosquets, marcher dans la boue, s’accrocher dans les ronces.

C’était dur, fatigant, désespérant car on ne voyait rien. Parfois on les entendait au loin donc l’espoir revenait. Et en fait rien, donc nous repartions, les km se multipliaient et la fatigue avec.

Et puis le garde nous dit d’avancer plus vite, on le suit et là, dans une ouverture, un groupe de chimpanzés était installé en haut des arbres, nous avions dû parcourir de nombreux km mais le prix en valait la chandelle car il y avait, tout un groupe, avec des tout petits, on les a observé un bon moment et tout à coup ils sont tous descendus, nous les avons suivis, mais ils allaient plus vite que nous, ils étaient plus agiles, plus habitués à leur environnement.

Ouganda PPichol Mai 2019 (34)

Nous avons quand même réussit à suivre une femelle assez longtemps, celle-ci s’arrêtait, se retournait, nous guettait, mais dès que nous nous en approchions et que l’on sortait le matériel, elle repartait, comme si elle nous narguait.

Nous sommes tombés, nous avons eu des fou-rires, nous avons franchi des ornières pleines de boue mais là, plus rien ne nous dérangeait, l’adrénaline et l’excitation de les suivre était en nous, pour ma part, j’avais retrouvé une pêche qui aurait pu m’emmener loin dans la forêt.

Ouganda PPichol Mai 2019 (32)

Ça a duré un moment et puis plus rien, elle avait pris un chemin impraticable pour nous. Un peu frustrés de ne pas en avoir assez profité et épuisés, nous allions rentrer quand on nous a indiqué un groupe près de la route, enfin à quelques petits km de là encore, il faut se méfier quand un ranger vous dit ils sont là juste à côté, le « à côté » peut être à minimum 3 km, mais nous avons trouvé la force de continuer, il le fallait car nous n’avions qu’une sortie chimpanzés d’organisée et nous ne voulions pas rester sur une frustration.

Il y avait bien un groupe d’une quinzaine d’individus de toutes générations, ils étaient au sol et tous en train de se repaître, nous sommes restés à les observer le temps autorisé.

Nous n’avons ressenti aucune agressivité ni méfiance, les seules tensions préhensiles étaient celles entre les jeunes et les anciens, car les jeunes se devaient d’attendre que les anciens aient terminé leur repas, ils devaient manger les restes. Nous avons alors pu assister à quelques interactions très intéressantes, on pouvait vraiment constater la domination des anciens sur les jeunes.

Ouganda PPichol Mai 2019 (31)

Mes craintes étaient retombées, je me sentais en confiance et bien avec eux, les chimpanzés étaient avec nous tout simplement.

Et puis il a fallu partir.

Ce fut une belle rencontre et un grand moment de bonheur de pouvoir les voir évoluer dans leur élément naturel, libres et sauvages.

Patricia Pichol
Mai 2019

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